Le fossé orgasmique, quand le plaisir est encore inégal

En France, parler de sexualité reste encore un terrain miné de tabous et de malentendus. Pourtant, il est grand temps de lever le voile sur une réalité bien présente : l’écart entre les hommes et les femmes dans l’accès à la jouissance. Ce fossé, loin d’être une anecdote, révèle des disparités profondément ancrées dans nos comportements, notre éducation sexuelle, et nos perceptions de la sexualité. Alors, pourquoi les femmes atteignent-elles moins souvent l’orgasme que les hommes ? Et surtout, que peut-on faire pour changer cela ?

La fossé orgasmique : qu'est-ce que c'est

Le “fossé orgasmique” désigne l’écart entre la fréquence à laquelle les hommes et les femmes atteignent l’orgasme, particulièrement dans les couples hétérosexuels. En France, une femme sur quatre (26%) déclare ne pas avoir joui au cours de son dernier rapport sexuel, soit une proportion nettement plus forte que chez les hommes (14%). Ces chiffres pointent du doigt un problème structurel : une inégalité persistante dans l’accès au plaisir, qui a peu à voir avec la biologie et tout à voir avec la manière dont on pense (ou ne pense pas) et on pratique (ou on ne pratique pas) la sexualité féminine.

Pourtant, l’orgasme féminin n’est ni plus mystérieux ni plus difficile à atteindre que celui de l’homme. Ce qui manque souvent, c’est une compréhension et une prise en compte véritable du plaisir des femmes dans l’acte sexuel. Cette absence de mise en lumière est à l’origine de cet écart systématique, et il est nécessaire de parler ouvertement de ce phénomène pour aller vers une sexualité plus épanouissante, égalitaire, et consciente.

Quelques causes du fossé orgasmique

L'éducation sexuelle, un maillon manquant

Pour comprendre pourquoi le fossé orgasmique persiste, il faut se pencher sur l’éducation sexuelle en France, qui, il faut bien le dire, laisse souvent à désirer. Bien que l’éducation sexuelle soit obligatoire, les cours dispensés dans les écoles se limitent souvent aux bases biologiques : comment fonctionne la reproduction, comment se protéger contre les infections, etc. Mais qu’en est-il du plaisir, de la connaissance de soi, et de la découverte de l’autre ? Ce sont des sujets rarement abordés, et le manque d’information contribue à une méconnaissance de la sexualité, en particulier de la sexualité féminine.

Ainsi, de nombreuses jeunes femmes n’ont jamais été encouragées à explorer leur corps, à identifier leurs zones de plaisir, et à communiquer sur ce qui les excite. Cette absence d’éducation sur le plaisir crée une situation où les femmes sont souvent moins en mesure d’exprimer leurs désirs ou de guider leurs partenaires dans la recherche du plaisir.

Les normes de genre et les attentes sociales

Nos scripts sociaux ont, pour beaucoup, dessiné une sexualité “phallocentrée”. Depuis des décennies, les rôles traditionnels dans les relations hétérosexuelles placent l’homme dans une position d’initiative, de “prince charmant”, tandis que la femme reste dans une posture de “réponse”, de “belle au bois dormant”. 

Cela explique en partie pourquoi certaines femmes sous-traitent leur plaisir à leur partenaire, sans réellement savoir ce qui leur plaît, sans s’explorer et sans le communiquer. La sexualité du couple se transforme en une attente de “performance” plutôt qu’une expérience de partage entre deux partenaires qui se connaissent et s’offrent mutuellement. La capacité des femmes à atteindre l’orgasme dépend du “savoir-faire” de l’homme, perpétuant ainsi le fossé orgasmique.

La charge mentale et la difficulté à lâcher prise

Le gap orgasm ne s’explique pas seulement par des différences physiques ou des clichés culturels, mais aussi par ce qu’on appelle la charge mentale. Dans de nombreux témoignages, les femmes parlent de leur difficulté à se laisser aller, en raison d’une multitude de préoccupations. Cette suractivité mentale ne s’arrête pas à l’organisation domestique : au lit, il peut s’agir de se demander si l’on fait bien les choses, si l’on est assez attirante, ou même de penser à des obligations quotidiennes. Cette surcharge mentale limite souvent la capacité à lâcher prise, pourtant essentielle pour atteindre l’orgasme.

Le rôle des médias et de la culture X

Les médias jouent un rôle non négligeable dans la manière dont nous percevons la sexualité. Les films, la pornographie, et même la littérature érotique dépeignent souvent l’orgasme masculin comme l’apothéose du rapport sexuel. Les orgasmes féminins, quand ils sont montrés, sont souvent stéréotypés, surjoués, et ne tiennent pas compte de la diversité des expériences réelles.

La pornographie, par exemple, influence grandement les attentes des jeunes quant à ce que devrait être le sexe. Ces images ne reflètent évidemment pas la réalité des rapports sexuels équilibrés et contribue à alimenter une dynamique où le plaisir féminin est mal compris

Comment combler la fosse orgasmique ?

La Communication avec son partenaire

Tout commence par une communication ouverte et honnête. Beaucoup de femmes hésitent à parler de leurs désirs, de ce qui fonctionne ou non au lit. Pourtant, la capacité à verbaliser ses envies est un des moyens les plus puissants pour atteindre un plaisir partagé. Dire à son partenaire ce que l’on aime, ce dont on a envie, et ce qui nous excite permet de s’assurer que chacun ait une place égale dans la chambre à coucher.

Techniques et pratiques

Variétés de stimulation

Il est essentiel d’intégrer divers types de stimulations, notamment la stimulation qui active la zone clitoridienne qui déclenche l’orgasme pour la plupart des femmes, pour réduire le fossé orgasmique. Que ce soit à l’aide de mains, de sextoys, ou même d’une attention particulière aux caresses, cette exploration est cruciale pour mieux connaître son corps et enrichir les rapports.

Expérimentation des Positions Sexuelles

Changer de position peut parfois être déterminant. Des positions comme la cavalière (où la femme est au-dessus) permettent de mieux contrôler le rythme et l’intensité, ce qui est souvent essentiel pour atteindre l’orgasme. Chaque personne est unique, et l’expérimentation est clé pour découvrir ce qui fonctionne le mieux pour chaque partenaire. Le but est de trouver des positions qui favorisent les sensations recherchées et une meilleure pression sur les zones érogènes.

Prendre son temps

Le sexe est une expérience qui demande du temps. Les préliminaires sont essentiels pour permettre aux femmes de ressentir l’excitation et se mettre dans une dynamique du plaisir favorable à l’arrivée de l’orgasme. C’est en prenant le temps d’explorer le corps de l’autre, sans précipitation, qu’on peut vraiment maximiser les chances de partager un plaisir mutuel.

La maîtrise du périnée, un sésame méconnu

Le périnée est un allié précieux pour intensifier le plaisir. Bien renforcés, les muscles du périnée améliorent la qualité des sensations pendant les rapports sexuels, notamment en augmentant la sensibilité des zones génitales et en facilitant les contractions orgasmiques.

Pour renforcer efficacement le périnée, il est nécessaire de bien identifier et localiser ces muscles. C’est pourquoi la première étape consiste à prendre conscience du plancher pelvien et à apprendre à le contracter correctement. Comme tout entraînement musculaire, la clé du renforcement du périnée réside dans la régularité des entraînements. Je recommande de pratiquer des sessions de 15-20 minutes, deux, trois, voire quatre fois par semaine. L’utilisation régulière du périnéomètre de Kegel permet de développer la puissance des muscles périnéaux, et par ce biais, décupler les sensations pendant les rapports intimes, contribuant ainsi à réduire le fossé orgasmique.

Vers une sexualité plus équitable

Le fossé orgasmique n’est pas une fatalité, mais le reflet d’inégalités et de manques d’information. Chaque femme peut augmenter ses chances à jouir à chaque rapport intime, en améliorant la communication avec son partenaire, en explorant le plaisir à deux, et en investissant dans l’exploration du périnée et de son plaisir.



Qui suis-je

Elena Sergueïva, je suis coach et fondatrice de la plateforme www.monintimite.fr. Ma mission consiste à accompagner les femmes et les hommes à faire de leur périnée un puissant allié pour vivre pleinement le plaisir charnel et pimenter la sexualité à deux